La gestion des plaies
GENERALITES
Les plaies sont une porte d’entrée pour les germes, elles peuvent avoir des conséquences importantes selon leur localisation et leur profondeur. Des soins appropriés sont à mettre en œuvre rapidement afin d’éviter tout risque d’infection.
Une précaution toute particulière est apportée à la prévention du tétanos car Clostridium tetani, la bactérie responsable de la maladie est présente dans la terre et est donc susceptible de contaminer les plaies des chevaux, qui y sont très sensibles. Si la vaccination anti-tétanique de votre cheval est douteuse, un sérum anti-tétanique pourra être réalisé par le vétérinaire.
La mise sous antibiotique de votre cheval n’est pas systématique. Elle est conditionnée par l’importance de la plaie, mais une antibiothérapie de courte durée (5 jours) est fréquemment mise en place afin d’éviter les complications de type lymphangite (inflammation du système lymphatique entrainant un important gonflement du membre).
PRISE EN CHARGE
Votre cheval s’est blessé et vous êtes indécis sur la conduite à tenir. Devez-vous le soigner vous-même ou nous appeler ? Nous vous recommandons de nous montrer votre cheval si sa blessure :
- Fait plus de 5 cm de longueur ou de largeur.
- Est en regard d’une articulation.
- Saigne abondamment.
- Entraine une boiterie ou une suppression d’appui.
- Suinte toujours ou n’est pas cicatrisée au bout de 4 à 5 jours.
Voici un exemple de plaie nécessitant l’intervention du vétérinaire : elle est d’une longueur importante et profonde.
Que faire en attendant le vétérinaire ?
La plaie de votre cheval répond à un ou plusieurs des critères énoncés ci-dessus. Vous avez décidé de faire venir un vétérinaire.
En attendant notre venue vous pouvez :
- Tondre les pourtours de la plaie, vous pouvez laisser une marge d’environ 5 cm tout autour.
- Nettoyer la plaie à l’eau claire ou à l’aide d’un savon antiseptique comme la Bétadine Savon.
- Protéger la plaie à l’aide d’un pansement ou d’une bande
Que va faire le vétérinaire une fois avec votre cheval ?
Chaque plaie est différente et plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour son évaluation.
- La position de la plaie : proche d’une articulation ou d’une structure tendineuse elle présentera des risques de complications plus importants qu’une plaie impliquant uniquement la peau.
- La profondeur de la blessure et le type de tissus atteints.
- L’ancienneté de la blessure (une plaie datant de plus de 6h est considérée comme contaminée et ne peut à priori pas être suturée).
Exemple de plaie sur le canon avec section des tendons.
Une fois cette première évaluation de la plaie terminée, le vétérinaire peut décider des soins à mettre en œuvre afin de garantir le meilleur pronostic possible à votre cheval.
Que faire en cas de plaie de petit diamètre ?
Ce ne sont pas forcément des plaies bénignes !!! En effet une plaie de faible diamètre peut s’avérer profonde et grave, surtout au niveau des membres. Si vous voyez que le corps étranger responsable de la blessure est encore présent dans la plaie ne le retirez surtout pas, attendez notre arrivée.
Ce genre de plaie peut nécessiter la réalisation de radiographies et/ou d’échographies afin d’évaluer la position du corps étranger et les structures sous-jacentes potentiellement atteintes.
On peut notamment citer l’exemple du clou de rue où un corps étranger pénétrant la sole au niveau de la fourchette peut atteindre la bourse podo-trochléaire située en dessous et provoquer une gravissime ténosynovite septique.
Exemple de clou de rue ayant pénétré la bourse du naviculaire et présentant un grave danger pour le cheval.
Quelles sont les complications possibles des plaies ?
Elles sont multiples et nous n’évoquerons ici que celle qui est spécifique à l’espèce équine : il s’agit du phénomène d’hypergranulation aboutissant à la formation au niveau de la plaie d’une masse de tissu exubérant appelée chéloïde.
Exemple de chéloïde sur une plaie de la face dorsale du boulet.
Le chéloïde empêche la cicatrisation complète de la plaie, il convient donc d’empêcher au maximum sa formation en respectant quelques principes :
- Garder le cheval au repos strict au box tant que votre vétérinaire ne vous a pas donné le feu vert pour reprendre l’activité. En effet le mouvement va stimuler la production de tissu exubérant.
- Appliquer sur la plaie des pommades type Vulketan® ou Eskarotik® afin de limiter la formation du chéloïde.
- Prévoir des visites de contrôle au cours desquelles le vétérinaire pourra être amené à remettre la plaie « à plat » en coupant à l’aide d’une lame de bistouri le tissu exubérant en place. Cette opération n’est pas douloureuse pour votre cheval car bien que très vascularisé le chéloïde est peu innervé.
Conclusion :
- Une petite plaie peut engager le pronostic sportif voire vital de votre cheval.
- N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire.
- Vérifiez la vaccination contre le tétanos de votre cheval.
- Chaque plaie est différente de par sa taille, sa profondeur et sa localisation. Elle peut mettre de 10 jours à plusieurs mois à cicatriser. Les plaies sur les membres peuvent nécessiter des soins lourds et très coûteux.